Cameroun - Deuxième Enquête Camerounaise Auprès des ménages, 2001
ID de référence | CMR-DSCN-ECAM2-2001 |
Année | 2001 |
Pays | Cameroun |
Producteur(s) | Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale - Ministère de l'Economie et des finances |
Bailleur(s) | Gouvernement - GOV - Personnel, financement, logistique Banque Mondial - BM - Appuis financiers et technique Union Européenne - UE - Appuis financiers |
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Jan 25, 2012
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Aug 08, 2013
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Résumé
L’ECAM II réalisée sur le terrain de septembre à décembre 2001, fait partie de la composante C : amélioration de l'information sur la pauvreté, du projet de Partenariat entre les secteurs Public et Privé pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (PPPCRP) conclu entre le Cameroun et la Banque Mondiale en octobre 2000 du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) dont une version intérimaire a été adoptée en août 2000. Outre l’objectif principal qui est l’actualisation du profil de pauvreté et l’élaboration des indicateurs de référence, les objectifs spécifiques de l’ECAM II sont : - La proposition d’une méthodologie de calcul d’un indicateur de niveau de vie et d’une ligne de pauvreté admise par la majorité des partenaires au développement et qui servent de référence pour les études futures et le suivi évaluation du programme de réduction de la pauvreté ; - L’étude de la pauvreté monétaire, de la pauvreté en termes de conditions de vie des ménages et de la pauvreté de potentialités, tout en établissant les corrélations entre ces différentes formes de pauvreté ; - La production des analyses précédentes aux niveaux national et régional en isolant les deux plus grandes villes (Douala, Yaoundé) et en distinguant les milieux de résidence (urbain et rural) ; - La production des données de base pour l’amélioration de diverses statistiques, notamment l’estimation de la consommation des ménages dans les comptes nationaux et l’actualisation des pondérations pour le calcul des indices de prix. Ainsi , le champ de l’enquête est sur le plan géographique le territoire national. L’opération concerne l’ensemble des ménages ordinaires (par opposition aux ménages collectifs : internats, casernes, hôpitaux, couvents, etc.) résidant sur l’ensemble du territoire national à l’exclusion des membres du corps diplomatique et de leurs ménages. L’unité statistique est le ménage ordinaire et les unités d’observation sont en même temps le ménage (logement, habitat, dépenses indivisibles du ménage, etc.) et les individus (caractéristiques démographiques, dépensesindividuelles, etc.). Les analyses vont porter essentiellement sur les ménages typés selon certaines de leurs caractéristiques(lieu de résidence, situation d’activité du chef, composition, etc.), mais également sur les individus. Dans le souci de faire un profil de pauvreté au niveau national et au niveau des dix provinces, pour déceler les particularités régionales et préparer entre autres la prochaine décentralisation, l’enquête a donc travaillé sur 22 strates dont 10 rurales et 12 urbaines (Douala et Yaoundé ont été des strates à part et chacune des dix provinces a constitué deux strates strates, à savoir une strate rurale et une strate urbaine). 1.Profil de pauvreté monétaire La mise en oeuvre de ces calculs a débouché sur un seuil de pauvreté minimum de 232.547 francs, et un seuil maximum de 345.535 francs CFA. Ainsi, les ménages dont la dépense de consommation annuelle par équivalent adulte est inférieure à 232.547 FCFA sont considérés comme « Pauvres ». Ceux dont les dépenses sont comprises entre 232.547 FCFA et 345.535 FCFA sont considérés comme « Intermédiaires ». Enfin, ceux dont les dépenses sont supérieures ou égales à 345.535 FCFA sont « Non pauvres ». Les personnes pauvres sont celles qui vivent dans les ménages pauvres. Dans la présente étude, les non pauvres regroupent intermédiaires et riches. 1.1 Présentation générale l’enquête a permis de noter que 30,1% des ménages répartis en 12,3% en zone urbaine et 39,7% en zone rurale vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Au niveau des individus, 6 217 058 personnes sur une population estimée à 15 472 557 habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté, soit une incidence de la pauvreté moyenne nationale de 40,2%, ce qui signifie qu’environ 4 personnes sur 10 au niveau national vivent dans la pauvreté.L’intensité1 de la pauvreté qui est l’indicateur rendant compte du gap moyen de revenu par rapport au seuil de pauvreté, est évaluée en moyenne à 31,8% du seuil. Cet indicateur calculé en se restreignant aux pauvres sert aussi à déterminer le montant du revenu qu’il faudrait transférer à un individu pauvre pour le sortir de sa situation de pauvreté. Son utilisation dans l’analyse de la situation confirme la discrimination entre les milieux urbain et rural. Dans ce dernier milieu, le revenu moyen par équivalent-adulte d’une personne vivant dans un ménage pauvre se situe en moyenne à 33,3% au-dessous du seuil de pauvreté alors qu’il est à moins de 23,9% en milieu urbain. Ceci signifie que pour sortir une personne pauvre résidant en milieu rural de la situation de la pauvreté, il faudrait lui transférer en moyenne un revenu annuel supplémentaire de 77.400FCFA contre 55.600 FCFA pour un individu dans la même situation en milieu urbain. 1.2 Disparités régionales L’incidence moyenne de la pauvreté de 40,2% masque de profondes disparités en fonction du milieu de résidence et des régions. Ainsi, l’incidence de la pauvreté est nettement plus élevée dans les zones rurales. L’incidence la plus élevée en milieu urbain est observée dans la province de l’Adamaoua où elle atteint 39,1%. Partout dans les strates rurales, on observe une incidence supérieure à ce maximum, sauf dans la région du Sud où le milieu rural enregistre un taux de pauvreté de 32,5%. Pour caractériser les régions en fonction de l’incidence de la pauvreté, trois sous-ensembles ont été repérés : le sous-ensemble contenant les régions que l’on qualifierait de moins pauvres se compose de Douala, Yaoundé et des strates urbaines des provinces du Sud-ouest, du Centre, du Nord-ouest, de l’Est et du Littoral. Dans chacune de ces régions, moins de deux personnes sur dix sont touchées par la pauvreté. A l’autre extrême, le troisième sous-ensemble comprend les régions qualifiées de plus pauvres où l’incidence de la pauvreté atteint le niveau de 45%. Toutes les zones rurales sont dans ce dernier sous-ensemble à l’exception des provinces du Sud, de l’Ouest et du Sud-Ouest. 2. Caractéristiques socio-démographiques des pauvres La prise en compte des caractéristiques socio-démographiques a permis de ressortir quelques résultats pertinents. L’incidence de la pauvreté est plus élevée dans les ménages dirigés par les hommes que dans ceux dirigés par les femmes. Cependant 51,4% des personnes vivant dans des ménages pauvres sont des femmes, lesquelles représentent 51% de la population totale. L’incidence de la pauvreté est moins élevée dans les ménages dont l’âge du chef est inférieur à 30 ans, et augmente de manière régulière avec l’âge. Par ailleurs, l’enquête montre que plus le chef de ménage a un niveau d’instruction élevé, moins il est affecté par la pauvreté. C’est ainsi que la pauvreté affecte plus de quatre ménages sur dix parmi ceux dont le chef n’a pas été à l’école, moins de quatre sur dix pour ceux dont le chef a le niveau primaire et moins d’un ménage sur vingt parmi ceux dont le chef a un niveau universitaire. 3. Pauvreté et marché du travail Par rapport au marché du travail, l’enquête montre que la catégorie de ménages la plus affectée par ce fléau est celle des exploitants agricoles qui connaît une incidence de pauvreté de 57%, soit 17 points au-dessus de la moyenne nationale. La forte incidence de pauvreté constatée dans ce groupe ne résulte pas toujours d’une pression démographique excessive puisque la taille moyenne des ménages y est de 5,1 personnes, presque égale à celle de la moyenne nationale qui est de 5,0 personnes. 3.1 Situation des actifs occupés Les exploitants agricoles apparaissent comme la catégorie la plus touchée. La dépense moyenne par équivalent adulte y est inférieure de près de 34% à la moyenne nationale. Les pauvres y accusent un gap de 33,5% par rapport au seuil de pauvreté. L’étroitesse des superficies des exploitations agricoles, les difficultés d’accès à la terre et au crédit, les pratiques culturales inappropriées, le mauvais état des infrastructures routières sont les principaux obstacles qui expliquent la faiblesse des revenus de cette catégorie d’actifs. Après les exploitants agricoles, la catégorie des ménages dont le chef est travailleur pour compte propre dans le secteur informel non agricole est aussi très affectée par le phénomène de pauvreté. Il s’agit d’une catégorie de ménages essentiellement urbaine qui enregistre une incidence de la pauvreté de 34,4%. La dépense moyenne par équivalent-adulte est à peine supérieure de près de 4% à la moyenne nationale. La catégorie de ménages dont le chef est salarié dans le secteur agricole accuse également une incidence de la pauvreté très élevée. Parmi eux, plus de deux personnes sur cinq vivent dans une situation de pauvreté. Contrairement aux ménages d’exploitants agricoles, cette catégorie est nettement moins représentée dans la population et abrite juste 2% des individus pauvres. Pour les ménages des salariés non cadres du secteur public, l’incidence de la pauvreté est de 24,9%, à peine inférieure à celle relative aux ménages des chômeurs (25%) et des salariés du secteur informel non agricole (27,1%). 3.2 Situation des inactifs Les ménages dont le chef est invalide ou malade constitue une autre catégorie où l’incidence de la pauvreté est forte. La dépense moyenne annuelle par équivalent-adulte de ce groupe accuse un gap de 33,8% par rapport au seuil de pauvreté. Dans la situation budgétaire actuelle au Cameroun où les transferts publics sont faibles, les ménages de cette catégorie tirent l’essentiel de leurs revenus des réseaux de la solidarité familiale ; puisque huit sur dix sont pris en charge par la famille. Dans la catégorie des inactifs, les élèves et les étudiants constituent une catégorie à part, ainsi que les retraités. S’agissant des étudiants et élèves, avant la réforme universitaire de 1993, leur principale source de revenus était les bourses. Ces transferts ayant été supprimés, la quasi-totalité des étudiants, au moins neuf sur dix, sont pris en charge par leur famille. Les retraités constituent une catégorie qui dispose de revenus sûrs et réguliers depuis que la situation financière de la Caisse Nationale de la Prévoyance Sociale (CNPS) s’est améliorée. On relève qu’en plus de leurs pensions, les retraités vivent dans des ménages où on compte en moyenne un actif occupé. Avec la pension de retraite, ce sont donc deux personnes en moyenne qui apportent un revenu dans cette catégorie de ménages. C’est cette situation qui fait que l’incidence de la pauvreté soit en général plus faible dans les ménages où vivent les retraités que dans ceux où le chef est encore en activité. 3.3 Situation des chômeurs Par rapport au chômage, l’enquête a permis de dénombrer près de 714 000 personnes qui vivent dans des ménages dont le chef est au chômage et parmi ces personnes, une sur quatre réside dans un ménage pauvre. Paradoxalement, l’incidence de la pauvreté dans les ménages où le chef est au chômage est inférieure à celui de plusieurs catégories dont le chef est actif occupé, notamment les salariés agricoles et les travailleurs à compte propre dans le secteur informel. Au niveau des individus, le chômage au sens du BIT touche 467 000 personnes, soit un taux de 7,9% dont 18,9% en milieu urbain et 2,3% en zone rurale. Douala et Yaoundé affichent des taux de chômage le plus élevés de 25,6% et 21,5% respectivement. Si on élargit le concept aux chômeurs découragés constitués de personnes inactives qui se disent prêtes à travailler si elles trouvent un emploi, la population des chômeurs s’élève alors à 1 131 000 individus ; ce qui porte le taux de chômage élargi à 17,1% dont 32,2% en milieu urbain et 8,6% en zone rurale. Une fois de plus, Douala et Yaoundé avec respectivement 38,3% et 34,5% se placent en tête. Dans un environnement où le marché du travail est caractérisé par une absence de fluidité de l’information sur la demande du travail de la part des entreprises, l’offre du travail des ménages s’exprime beaucoup plus par des canaux informels. Au regard de l’incidence de la pauvreté, ce fléau touche plus les chômeurs découragés par rapport aux chômeurs au sens du BIT. 30,1% de chômeurs découragés sont pauvres, contre 23,6% de chômeurs BIT. Le chômage élargi compte parmi ses 1 131 000 victimes, 290.000 pauvres. En définitive, trois pôles de concentration de la pauvreté sont ainsi mis en évidence : d’abord les exploitants agricoles en milieu rural (près de sept personnes pauvres sur dix), ensuite les travailleurs pour compte propre en milieu urbain (plus de 10% de contribution à la pauvreté) et enfin les chômeurs qui, sans constituer un groupe particulièrement vulnérable dans son ensemble, comptent en leur sein 290.000 personnes pauvres parmi lesquelles on peut déceler l’extrême pauvreté. 4. Pauvreté et besoins sociaux de base 4.1 Pauvreté et santé 4.1.1 Morbidité Les résultats sur cet aspect indiquent que dans l'ensemble, un peu moins d'une personne sur trois a déclaré avoir été malade au cours des deux dernières semaines. Ce niveau de morbidité ne varie pas sensiblement d'une région à l'autre mais reste légèrement supérieur en milieu rural. La ventilation de la morbidité en fonction du niveau de vie montre que les pauvres ont été malades autant que les riches. Etant donnée le caractère relatif de la maladie, les individus ne perçoivent pas l’état de maladie de la même manière ; les personnes pauvres qui, généralement vont moins se faire soigner, ne se déclareraient malades que dans des cas graves. L'analyse en fonction de l'âge montre que les jeunes de moins de 5 ans et les personnes de plus de 55 ans constituent les couches les plus vulnérables. Le taux de morbidité est de 40,9 % et de 52,0% respectivement chez les jeunes de moins de 5 ans et chez les personnes de plus de 55 ans. Après l’âge de 5 ans, le taux de morbidité croit en fonction de l'âge : 23,1%, 23,2% et 31,7% respectivement chez les personnes de 5 à 14 ans, 15 à 19 ans et 20 à 54 ans. 4.1.2 Consultations dans les structures de santé formelle et informelle Un individu malade choisit en fonction d’un certain nombre de critères personnels ou objectifs, le service de santé auquel il s’adresse pour ses soins. Les résultats de l’enquête montrent que trois personnes sur quatre ont fait leur dernière consultation dans un centre de santé formel. Ce phénomène d’ensemble cache les différences qui existent au niveau des régions. En effet, en dehors des provinces de l’Adamaoua, du Centre, de l’Extrême-Nord, de l’Ouest et du Nord où le taux de consultation formelle est faible, il est supérieur à la moyenne nationale dans les autres provinces. Le recours à un tradipraticien ou au vendeur ambulant de médicaments pour se soigner est pratiqué par une personne sur quatre. Ce choix pour les structures de santé informelles est pratiqué par trois pauvres sur dix contre deux personnes sur dix chez les non pauvres. 4.1.3 Prévalence déclarée des principales maladies Les déclarations des membres des ménages ont permis de se faire une idée du degré de ravage que causent le paludisme, la méningite, les maladies diarrhéiques et les maladies respiratoires. Le paludisme apparaît comme étant la pathologie la plus répandue avec un taux de prévalence moyen se situant autour de 11%. Le paludisme sévit autant chez les pauvres que chez les non pauvres, et indifféremment en zone rurale et en zone urbaine. Les régions du Centre et du Sud- Ouest apparaissent comme celles les plus touchées avec des taux de prévalence dépassant les 20%. A l’opposé, l'Est, Yaoundé et dans une moindre mesure le Nord-Ouest, sont les régions les moins affectées. Pour le reste du pays, les taux de prévalence du paludisme se situent à desniveaux comparables. Pour les trois autres maladies, les prévalences moyennes se situent respectivement à 2,7% ; 6,7% et 0,1%. Rappelons que ces déclarations ne sauraient constituer des taux de prévalence réels en l’absence des résultats des analyses médicales au laboratoire. C’est pourquoi ils sont parfoisdisparates. 4.1.4 Vaccination des enfants de 12 à 23 mois Au total, le taux d’immunisation complète des enfants de 12-23 mois contre les maladies cibles du PEV reste insuffisant au niveau national (55,3%). Il atteint cependant 7 enfants de cette tranche d’âge sur 10 dans les régions de Yaoundé et du Sud-Ouest. Chez les non pauvres, Yaoundé et le Nord-Ouest ont les taux les plus élevés atteignant 80%. En dehors des régions du Sud-Ouest, de l’Ouest, de Douala, de l’Extrême-Nord et du Centre où les différences entre pauvres et non pauvres sont modérées, ces dernières sont très prononcées ailleurs. En outre, près d’un enfant de 12-23 mois sur cinq n’est immunisé contre aucune des maladies cibles du PEV. Les pauvres, les ménages des provinces septentrionales (Nord surtout), de l’Est et ceux des zones rurales sont les plus défavorisées en dépit des fréquentes campagnes de vaccination organisées au niveau national par le Ministère de la santé publique. Les Journées Nationales de Vaccination (JNV) n’ont pas encore atteint pleinement leurs objectifs. 4.1.5 Dépenses de santé En moyenne, la dépense annuelle de santé par tête au niveau national est estimée à 22.000FCFA. Les ménages urbains dépensent trois fois plus que les ménages ruraux, soit en moyenne 39.000 FCFA par an et par personne contre 13.000 FCFA en milieu rural. Outre leur pouvoir d’achat de 688.000 FCFA de dépense par équivalent-adulte, les populations urbaines ont un accès physique plus facile aux centres de santé que celles du milieu rural. Les deux métropoles de Douala et Yaoundé, avec une relative abondance d’infrastructures hospitalières et des dépenses par unité de consommation les plus élevées, disposent également des niveaux de dépenses de santé les plus élevés, à savoir respectivement 54.000 FCFA et 45.000 FCFA par individu et par an. L’examen des dépenses de santé en fonction du niveau de vie révèle une grande différence entre les pauvres et les non pauvres. En effet, au niveau national, la dépense moyenne par tête des ménages non pauvres est environ quatre fois et demie plus grande que celle des ménages pauvres. La part des dépenses consacrée à la santé est estimée au niveau national à 7,6% des dépenses totales des ménages. On note que cette part n'est pas uniforme à travers les régions. Les ménages des provinces de l'Extrême-Nord, de l'Est et du Nord dépensent beaucoup moins pour ce service social essentiel par rapport à leur budget (respectivement 3,2%, 5,2% et 5,4%). A l'opposé, les ménages des régions de Douala, du Centre et du Nord-Ouest sont ceux qui y consacrent 9% ou plus de leur budget. Le niveau de vie influence également l'effort budgétaire en faveur de la santé. 5.1.6 Accessibilité aux infrastructures de santé L’accessibilité aux infrastructures de santé est appréciée par la distance qui sépare le logement des ménages des infrastructures sanitaires les plus proches et le temps mis par les populations pour y accéder, selon le mode de locomotion régulièrement emprunté. Le calcul de la distance moyenne à parcourir pour atteindre le centre de santé le plus proche est révélateur des différences plus connues entre milieux de résidence et régions, et celles moins connues entre les ménages selon leur niveau de vie. Ainsi, au niveau national, les populations doivent parcourir en moyenne quatre kilomètres pour atteindre le centre de santé le plus proche. La différence est nette entre le milieu rural où cette distance est de 5 km et le milieu urbain où elle n'est que de 1km. En ce qui concerne le temps moyen mis pour atteindre le centre de santé le plus proche, il est en moyenne de 25 minutes chez les non pauvres et de 40 minutes chez les pauvres. Cet indicateur favorable pour les pauvres doit cependant être nuancé. Le centre de santé le plus proche ne correspond pas à celui fréquenté par les personnes interrogées, puisqu’il ne dispose pas forcément du plateau technique nécessaire pour traiter les principales maladies de sa zone d’implantation. Dans les régions, les pauvres mettent en moyenne plus de temps que les non pauvres pour aller au centre de santé le plus proche. Ceci est la résultante du fait que les pauvres parcourent une distance plus longue que les non pauvres, ou que ces derniers ont plus facilement accès aux moyens de déplacement rapide (vélo, moto, voiture). Pour ce qui est de la qualité des soins au niveau national, 69 % des usagers déclarent être satisfaits des prestations données dans le centre de santé le plus proche. La proportion des ménages satisfaits n’est presque pas discriminée par le niveau de vie. Ceux qui se montrent insatisfaits évoquent trois principales raisons, à savoir la qualité des services, le manque d’équipements appropriés et les coûts. 4.2 Pauvreté et éducation 4.2.1 Alphabétisation L’alphabétisation formelle rend compte de l’aptitude des personnes âgées de 15 ans ou plus à lire et à écrire en Français ou en Anglais, au contraire de l’analphabétisme. On note un recul global de l’analphabétisme dans le pays, le taux d’alphabétisation étant d’environ 68% en 2001 contre 61% en 1996 et en 1987, et 47% en 1976. D’importantes inégalités selon le sexe, la région, le milieu de résidence et le statut de pauvreté sont observées. Par rapport aux régions, les provinces de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua sont dans l’ordre cité, les trois régions les moins scolarisées du pays. Alors que 7personnes sur 10 savent lire et écrire en moyenne au niveau national, l’Adamaoua qui est la région la plus favorisée parmi les trois, compte moins de 4 personnes sur 10. Suivant le sexe, près de 8 hommes sur 10 sont alphabétisés et chez les femmes, 6 personnes sur 10 sont dans cette catégorie. La situation de la femme est différente selon qu’on est en ville ou en zone rurale ; dans le milieu urbain les deux sexes ont des niveaux d’alphabétisation plus comparables qu’en zone rurale. Quel que soit le sexe, les pauvres sont moins alphabétisés que les non pauvres, et cela dans toutes les régions du pays. 4.2.2 Scolarisation Les résultats obtenus confirment les disparités entre régions et milieux. En effet, il apparaît qu’en 2000/2001, sur 10 enfants âgés de 6 à 14 ans, près de 8 étaient inscrits à l’école. On note une amélioration de cet indicateur au fil des années, celui-ci étant passé de 67,5% en 1976 à successivement 73,1% en 1987 ; 76,3% en 1996 et 78,8% en 2001. Cependant, les provinces de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua présentent les taux les plus bas, avec à peine la moitié des enfants inscrits à l’école en 2000/2001. En milieu urbain, le niveau de scolarisation est plus élevé, et la sous scolarisation, lorsqu’elle y existe, frappe beaucoup plus les femmes que les hommes, surtout dans les provinces septentrionales ; cette différence est très peu perceptible dans la plupart des autres régions du pays, notamment Yaoundé, Douala, Centre, Est, Littoral, Ouest et Sud-Ouest. 4.2.3 Dépenses d’éducation Les dépenses annuelles moyennes d’éducation s’élèvent à 48.000 FCFA par enfant en 2000/2001. En moyenne, ce poste de dépenses représente 5,4% des dépenses annuelles totales des ménages. Comme précédemment, des disparités suivant le milieu de résidence, la région et le niveau de vie persistent. L’Extrême-Nord avec 11.500 FCFA de dépenses annuelles d’éducation par enfant se classe dernière à l’opposé de Yaoundé, où le niveau de dépense atteint 94.000 FCFA. Le niveau de vie entre l’Extrême-Nord et Yaoundé explique leurs positions respectives. Un autre facteur qui explique la différence entre régions est le type d’établissements fréquentés. Les dépenses sont plus élevées dans les régions où le taux d’inscription aux établissements privés est important. C’est le cas de Douala, Yaoundé, Nord-Ouest, Sud-Ouest, Littoral et Ouest. L’Adamaoua et l’Extrême-Nord comptent respectivement 5,7% et 7,5% seulement de leurs inscrits dans les établissements privés, contre une moyenne de 27% au niveau national. S’agissant du milieu de résidence, la dépense d’éducation est 3 fois plus importante dans les grandes villes que dans les autres zones du pays. Selon le niveau de vie, les parents des ménages non pauvres dépensent environ 4 fois plus que les parents des ménages pauvres. En général dans les ménages, la part des dépenses d’éducation par rapport aux dépenses totales est inférieure à 8%. La propension à investir dans l’éducation est largement tributaire du niveau de vie du ménage à l’intérieur de chaque région. Cette propension à investir reste plus faible pour les ménages pauvres. La différence entre pauvre et non pauvre n’est pas du même ordre dans toutes les régions ; dans l’Adamaoua, la part des dépenses d’éducation dans l’ensemble des dépenses est presque deux fois plus importante chez les non pauvres que chez les pauvres. Il est par ailleurs constaté que le montant des dépenses d’éducation croît avec les revenus. Les dépenses des ménages en matière d’éducation sont globalement affectées à environ 45% aux frais scolaires, 35% aux matériels et fournitures scolaires, et 20% aux autres dépenses d’éducation. La différence entre ménages pauvres et non pauvres trouve une explication partielle dans l’importance des dépenses que ces derniers consacrent aux répétitions (2.700 FCFA), cantine (6.900 FCFA) et transport (4.400 FCFA) et leur préférence pour les établissements privés. 4.2.4 Accessibilité physique à l’école primaire La distance moyenne entre le domicile et l’école primaire publique la plus proche varie selon les régions, le statut de pauvreté et le milieu de résidence, de moins de 1 km à 3 km. Sous réserve des problèmes d’estimation des distances par les ménages ; ceci témoignerait des efforts consentis ces dernières années par l’Etat et les partenaires du système éducatif camerounais en matière de création d’établissements scolaires. Cependant, malgré ces moyennes apparemment flatteuses, l’on note que ces distances varient de moins d’un Km à 10 dans certaines localités. Au sein d’un même milieu de résidence (zone urbaine ou zone rurale), les pauvres et les non pauvres parcourent la même distance pour atteindre l’école primaire la plus proche. On passe d’une moyenne de moins d’un km en milieu urbain à 2 km en milieu rural. La province du Littoral se caractérise par des distances parcourues dans le milieu rural comparables à celles qu’on observe dans le milieu urbain ; cette région qui, rappelons-le, n’inclut pas Douala, disposerait d’un nombre important d’établissements scolaires de ce niveau. 4.3 Pauvreté, habitat et cadre de vie 4.3.1 Statut d’occupation des logements Le statut d’occupation des logements permet de différencier les ménages propriétaires des locataires et des ménages logés gratuitement. Ce statut est sensé être en relation avec le niveau de revenus des ménages, qui en tiennent compte pour décider de s’offrir un logement, d’en louer un ou d’accepter ce qui leur est offert gratuitement. Indépendamment de leur niveau de vie, les ménages sont en général propriétaires de leur logement ; ils sont plus de 6 sur 10 à occuper des logements dont ils sont propriétaires. Parmi les ménages pauvres, cette proportion avoisine 8 sur 10. Deux raisons expliquent cette situation paradoxale, car on se serait attendu à voir les non pauvres, occuper des logements qui leur appartiennent. Il se pose un problème du standing des logements concernés et des titres de propriété. Les pauvres occupent en général des logements peu confortables et moins chers. La très forte proportion des ménages pauvres propriétaires observée dans les provinces du Nord et de l’Extrême-Nord s’accompagne de la plus forte précarité des structures habitées. L’analyse du statut de la propriété foncière au sens formel du droit veut que l’on dispose d’un titre de propriété pour revendiquer son droit de propriété. De ce point de vue, la proportion des propriétaires détenteurs d’un titre de propriété est d’environ 21% chez les non pauvres, contre 9% seulement chez les pauvres. 4.3.2 Standing des logements L’appréciation du standing des logements est ici basée sur la disponibilité d’un WC avec chasse eau, des murs, d’un toit et du sol en matériaux définitifs. Les logements des ménages pauvres sont manifestement défavorisés du point de vue du confort suivant les matériaux utilisés. Les différences de confort sont nettes entre pauvres et non pauvres, et entre ville et campagne, sauf en ce qui concerne le toit pour lequel la tôle ondulée s’est largement vulgarisée. Le confort du logement s’apprécie également à travers les modes d’approvisionnement en eau de boisson, en énergie d’éclairage et de cuisine. Au total, un ménage sur deux consomme l’eau de la SNEC ou d’un forage, un peu moins de 5 sur 10 s’éclairent à l’électricité fournie par l’AES SONEL et un sur dix utilise le gaz pour la cuisine. En ce qui concerne l’accès à l’électricité fournie par l’AES SONEL, le ménage peut soit souscrire un abonnement, soit se connecter au réseau à partir du branchement de son voisin. Les 46% de ménages reliés au réseau électrique de l’AES SONEL sont répartis en 25,9% d’abonnés et 20,1% de consommateurs connectés à partir du voisin. Le phénomène de connexions à partir du branchement du voisin est très répandu en zone urbaine, particulièrement à Douala et Yaoundé. Avec respectivement 59,7% et 57,2% des ménages ayant accès à l’électricité, le Littoral et le Sud-ouest bénéficient sans doute de la proximité des plus grands centres de distribution. Les plus faibles taux d’accès sont notés dans les trois provinces septentrionales avec respectivement 7,6%, 14,7% et 20,4% dans l’Extrême Nord, le Nord et l’Adamaoua, à cause à la fois de l’éloignement et des bas revenus des ménages. Le gaz est le bien pour lequel la différence entre pauvre et non pauvre est la plus prononcée. Au niveau national, la proportion des ménages utilisant le gaz est 19 fois plus élevée chez les non pauvres que chez les pauvres. Le gaz est un produit presque absent de la consommation des ménages pauvres du milieu rural. 4.3.3 Equipements en biens durables La possession de certains équipements sont de nature à traduire le train de vie des ménages. L’examen du comportement des ménages par rapport aux même équipements analysés en 1996 révèle un fait majeur, à savoir que pour l’ensemble des équipements retenus, les ménages pauvres sont défavorisés en 2001 comme en 1996, sauf en ce qui concerne la bicyclette. Ce bien inférieur s’est certainement substitué au vélomoteur dont la proportion de ménages utilisateurs a baissé d’un tiers dans l’ensemble et de 61% chez les pauvres. Certains biens permettent effectivement de distinguer les pauvres des non pauvres. Il s’agit de l’automobile, du poste de télévision, du climatiseur et du ventilateur. En 2001, la proportion des ménages possédant l’automobile, le poste de télévision, le climatiseur et le ventilateur est respectivement 13, 8, 5 et 7 fois plus importante chez les non pauvres que chez les pauvres ; en 1996, les différences étaient du même ordre sur les équipements concernés. 5. Pauvreté, potentialités et gouvernance 5.1 Accessibilité à la terre Il ressort de l’enquête que 6 ménages sur 10 disposent en leur sein d’au moins un membre qui exploite en moyenne 3,3 hectares de terre principalement pour la culture et l’élevage. Si l’on considère le milieu de résidence, la proportion des ménages dans lesquels il existe au moins un exploitant agricole est en moyenne 4 fois plus importante en zone rurale que dans les villes. Suivant le niveau de vie, près de deux fois moins de ménages non pauvres exploitent des superficies de terres au moins aussi égales à celles possédées par les ménages pauvres. Dans les milieux urbains, près de deux fois moins de ménages non pauvres possèdent des superficies de terres trois fois plus grandes que celles possédées par les ménages pauvres. Ainsi, dans le milieu urbain, la discrimination est nette entre pauvres et non pauvres par rapport à l’accès à la terre. Suivant les régions, l’importance des ménages exploitants agricoles reste en faveur des pauvres, sauf en ce qui concerne la ville de Douala. Les ménages du Centre, de Yaoundé, du Littoral et du Sud exploitent à des fins d’élevage ou de cultures, des superficies relativement importantes de terres qu’ils ont déclarées posséder. A Yaoundé ce sont principalement 12,5% de ménages non pauvres qui exploitent chacun en moyenne 6,8 hectares de terres. Dans les régions du Sud, 78,2% de ménages pauvres exploitent une superficie moyenne de 4,5 hectares. 5.2 Accessibilité au crédit Il ressort de l’enquête que 8,7% des ménages ont déclaré avoir formulé une demande de crédit à des fins d’investissement. La timidité des ménages dans ce domaine s’explique sans doute par les difficultés qu’ils rencontrent auprès du système bancaire. Connaissant bien la réalité, les ménages sont assez réservés pour formuler des demandes de crédit d’investissement. A partir de l’enquête, on estime le taux net d’accès au crédit calculé par rapport aux ménages qui en ont fait la demande à 12,1%. Près de 9 demandes de crédit d’investissement sur 10 sont refusées. L’examen des difficultés d’accès au crédit montre que le principal motif de refus le plus évoqué a été, quel que soit le statut de pauvreté et dans toutes les régions (sauf au Sud), l’insuffisance des garanties offertes. 54,7% des ménages ont cité ce motif. Ensuite, vient l’absence d’appui en terme de relations ou d’aval pour faciliter l’accès au crédit. La troisième raison sur la nature du crédit tient à la difficulté d’avoir un crédit lorsque ce dernier est destiné à l’investissement, principalement parce que les délais de remboursement longs accroissent les risques. L’étude de la source du crédit dont bénéficient les ménages permet d’éclairer davantage la question. Le crédit de création d’unités de production qui est de loin le plus important provient principalement d’emprunts auprès des parents ou amis (18,6%), des tontines (18,0%), des COOPEC (14,3%), des mouvements associatifs (8,2%) et de certains commerçants (7,4%). Dans tous les cas, 64,0% de ménages s’endettent principalement auprès de structures informelles : tontines (25%), parents/amis (21,8%), associations (8,5%), commerçants (5,9%) et usuriers (1,6%). Seulement 18,4% de ménages s’endettent auprès des structures formelles clairement identifiées COOPEC (11,9%), banques (3,1%) et ONG (3,4%). 5.3 Accessibilité à l’épargne 37% des ménages ont déclaré posséder une épargne. Un ménage pauvre sur quatre dispose d’une épargne, contre environ 41% des ménages non pauvres. Un ménage sur deux résidant dans les milieux urbains a déclaré avoir une épargne, contre un peu moins d’un ménage sur trois dans les milieux ruraux. Le milieu de résidence discrimine clairement les comportements entre ménages pauvres et non pauvres du point de la propension à épargner. La répartition régionale des ménages ayant déclaré avoir une épargne montre une plus forte proportion de ceux-ci dans les régions du Nord-Ouest (66%), de Douala (59%), du Littoral (53,7%), du Sud-Ouest (50,1%) et de Yaoundé (42,6%). La plus forte proportion de ménages disposant d’une épargne est constatée au Nord-Ouest qui accueille pourtant 43,9% de ménages pauvres. On note en outre qu’une bonne proportion (59,4%) de ménages pauvres de cette région a déclaré disposer d’une épargne. 5.4 Pauvreté et gouvernance En saisissant la proportion des ménages ayant eu à payer involontairement des frais non réglementaires dans les services de l’éducation et de la santé, et volontairement dans le cadre des contrôles routiers de police, l’enquête a permis d’estimer la proportion des ménages victimes et acteurs de la corruption dans le cadre de ces services. La notion de corruption ici concerne également des dons en nature involontairement offerts. Globalement, les services de santé sont plus accusés de corruption que ceux de l’éducation ; un ménage sur quatre se plaint de ceux de la santé, contre 15% pour les services de l’éducation. Le phénomène est plus présent en ville qu’en campagne où l’approvisionnement forcé des enseignants ou des personnels de santé en vivres ou la culture de leur parcelle de terre sans contrepartie a été pris en compte. Les non pauvres sont plus victimes que les pauvres ; cette situation reflète à notre avis à la fois, leur plus grand nombre à consommer ces services et leur capacité financière leur permettant de céder plus souvent à la pression des agents véreux qui les harcèlent. La proportion des ménages acteurs de la corruption est tout aussi importante. Sur 100 ménages, 18 affirment avoir eu à offrir volontairement des dons aux agents de maintien de l’ordre chargés des contrôles routiers pour échapper à un défaut de pièces légales non disponibles. Les non pauvres en sont les acteurs principaux dans les régions du Centre, de l’Ouest et du Sud-Ouest où ils anticipent parce que cela les arrange, sur les dons à offrir à ceux qui sont supposés émettre des contraventions à leurs égards. Bien que l’adage « pas de corrompus sans corrupteurs » soit vérifié, ces déclarations restent subjectives. 6. Aspects subjectifs de la pauvreté 6.1 Pauvreté subjective Les approches de la mesure du phénomène de la pauvreté sont variées et aussi complexes que le phénomène lui-même. Parmi ces approches, celles visant l’appréhension de la pauvreté subjective partent de l'appréciation que les pauvres donnent au contenu du phénomène. Le caractère subjectif de la pauvreté relève avant tout de la constante notion de relativité que le phénomène renferme. On est pauvre par rapport aux autres membres de sa société, à la période que l'on vit, aux normes définies ailleurs et par d'autres, c'est-à-dire par rapport à un critère qui n'est stable ni dans l'espace, ni dans le temps. 6.2 Perception des causes de la pauvreté Selon les déclarations des chefs de ménage, la première cause de la pauvreté serait le manque d'emplois. Plus de 4 chefs de ménages sur 10 estiment que cette cause vient en tête. Cette cause semble d'autant plus importante que les chefs de ménages qui ont choisi d'autres causes comme première ont retenu majoritairement la baisse ou l’insuffisance des revenus (16,8%) ou l'absence des infrastructures routières (11%). La baisse ou l’insuffisance de revenus peut être interprétée comme une situation de sous-emploi ; l’absence des infrastructures routières comme un obstacle à la production et à l’accès au marché. Cette tendance d’ensemble est plus proche de celle des non pauvres que de celles des pauvres. En fonction du niveau de vie, les priorités des pauvres et des non pauvres diffèrent quelque peu. Chez les ménages pauvres, 35,5% attribuent d’abord leur situation de pauvreté à l’absence d’emploi, 18,5% à la baisse ou insuffisance de revenus et 15,7% à l’absence des routes ; cette dernière proportion est plus importante chez eux que chez les non pauvres (9,0%). Près de 8% de ménages pauvres estiment que leur faible niveau d’instruction explique leur situation. L’absence de troupeau et le manque de terre sont cités chez les pauvres deux fois plus que chez les non pauvres.De l’avis des ménages eux-mêmes, leurs difficultés proviennent principalement du manque d’emploi, de la baisse ou de l’insuffisance des revenus et de la corruption ou mauvaise gestion des ressources publiques. Tous les ménages sans distinction reconnaissent que le faible niveau d’instruction et les problèmes d’enclavement affectent également leur niveau de vie. 6.3 Perception des actions d’amélioration des conditions de vie Les ménages estiment que la première solution au problème de la pauvreté réside dans la création des emplois. La facilitation de l’accès aux soins de santé et aux médicaments, la garantie des justes prix des produits agricoles sont citées au second et troisième rang comme actions à mener pour la réduction de la pauvreté. Ces propositions d’action, bien que largement partagées par les populations, cachent des aspirations profondément différentes entre les pauvres et les non pauvres. Les ménages pauvres réclament davantage un meilleur état des routes, la construction des points d’eau, les justes prix des produits agricoles et dans une certaine mesure l’accès au crédit et aux services sociaux de base (santé et éducation). Les priorités particulières des ménages non pauvres concernent la revalorisation des salaires et la lutte contre la corruption. Quant à ce qu'on peut tirer de ces déclarations, en s'intéressant aux actions ayant retenu l'attention d'au moins 11% des ménages, c'est que toute politique de lutte contre la pauvreté doit nécessairement entreprendre des actions de création des emplois, de désenclavement, de la protection des prix des produits agricoles, de la facilitation d'accès à l'éducation et aux soins de santé et à la lutte contre la corruption. 7. Evolution de la pauvreté entre 1996 et 2001 Les différentes mesures de politique économique prises depuis 1996, notamment celles adoptées pour davantage stabiliser les équilibres macro-économiques et consolider la croissance dans le cadre du programme économique triennal (1997 – 2000) appuyé par la FASR du FMI devraient profiter à toutes les couches de la population et en particulier aux plus pauvres. Dans ce contexte, l’étude de l’évolution de la pauvreté au cours de ces dernières années revêt un intérêt particulier dans la mesure où il s’agit en réalité d’une évaluation de l’efficacité des politiques mises en oeuvre en terme de réduction de la pauvreté. Cette étude de l’évolution de la pauvreté entre 1996 et 2001 a été faite à partir de deux enquêtes ECAM I et ECAM II réalisées au niveau national à ces deux dates. Pour pouvoir comparer les résultats des deux enquêtes, des ajustements ont été faits sur les éléments de collecte et les méthodes de calcul des indicateurs. Les éléments communs aux deux enquêtes permettent ainsi d’apprécier cette évolution. Sur le plan monétaire, les résultats révèlent un recul de l’incidence de la pauvreté de 13 points, une baisse de l’intensité de 5 points et une baisse de la sévérité de 2 points. Ces différentes baisses sont plus fortes dans les zones urbaines par rapport au milieu rural. Il y a donc recul de la pauvreté entre 1996 et 2001, et il importe de savoir à quoi l’imputer. La variation des différents indicateurs décomposée en effets de croissance et de redistribution montre que le recul de la pauvreté est beaucoup plus liée à la croissance économique ; elle contribue 4 fois plus à la modification de l’incidence, et la redistribution aggrave plutôt l’intensité de la pauvreté.Au plan des inégalités, la situation ne s’est pas véritablement améliorée entre 1996 et 2001. Les plus riches consomment en moyenne toujours plus de 7 fois que les plus pauvres. Les revenus connaissent toujours la même dispersion lorsqu’on la mesure avec l’indice de GINI, et une dispersion plus inégalitaire lorsqu’on considère le logarithme de la variance.Type de données
Données échantillonées [ssd]Unités d'analyse
Ménage, Individu.Champ
Notes
1. Indicateur de niveau de vie et seuil de pauvreté 2. Profil de pauvreté monétaire 3. Pauvreté et marché du travail 4. Pauvreté et besoins sociaux de base 5. Pauvreté, potentialités et gouvernance 6. Aspects subjectifs de la pauvreté 7. Evolution de la pauvreté entre 1996 et 2001 8. Déterminant de la pauvretéTopics
Sujet | Taxonomie | URI |
---|---|---|
Santé des membres du ménage | ||
Activité des membres du ménage | ||
Dépenses rétrospectivites du ménage | ||
Dépenses et acquisitions du ménage | ||
Accessibilité aux insfrastructures de base | ||
Education des membres du ménages | ||
Couverturevaccinale | ||
Pauvreté | ||
Gouvernance | ||
Santé | ||
Education | ||
ecam | ||
Dépense | ||
Natalité | ||
Mortalité | ||
Fécondité | ||
Logement | ||
Condition de vie | ||
Migration | ||
Agriculture | ||
Alimentaire | ||
Anthropométrie | ||
Entreprise | ||
Familiale | ||
Patrimoine | ||
population | ||
ménage | ||
Maladie | ||
scolaire | ||
emploi | ||
contraception | ||
femme | ||
Prix | ||
Démographie |
Keywords
Pauvreté, Gouvernance, Santé, Education, ecam, Dépense, Natalité, Mortalité, Fécondité, Logement, Migration, Condition de vie, Agriculture, Alimentaire, Anthropométrie, Couverturevaccinale, Entreprise, Familiale, Patrimoine, population, Ménage, Maladie, scolaire, emploi, contraception, femme, PrixCouverture
Couverture géographique
Le champ de l'enquête est sur le plan géographique le territoire national. L'opération concerne l'ensemble des ménages ordinaires (par opposition aux ménages collectifs : internats, casernes, hôpitaux, couvents, etc.) résidant sur l'ensemble du territoire national à l'exclusion des membres du corps diplomatique et de leurs ménages.Univers
L'enquête couvre l'ensemble des ménages ordinaires (par opposition aux ménages collectifs tels que les élèves en internat, les militaires en caserne, les malades de longue durée internés dans les hôpitaux, les religieux dans les couvents, les prisonniers, les enfants de la rue ou vivant dans des orphelinats, etc. ) résidant dans le champ de l'enquête.Producteurs et sponsors
Investigateur principal
Nom | Affiliation |
---|---|
Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale | Ministère de l'Economie et des finances |
Financement
Nom | Abbréviation | Rôle |
---|---|---|
Gouvernement | GOV | Personnel, financement, logistique |
Banque Mondial | BM | Appuis financiers et technique |
Union Européenne | UE | Appuis financiers |
Autres remerciements
Nom | Affiliation | Rôle |
---|---|---|
AFRISTAT | Assistance Technique |
Production des métadonnées
Métadonnées produites par
Nom | Abbréviation | Affiliation | Rôle |
---|---|---|---|
Institutr National de la statistique | INS | Ministère de l'Economie, de la Planification et l'Aménagement du Territoire | Producteur, Diffuseur |
OCDE/Paris21 | OCDE/Paris21 | OCDE | Appui technique et financier |
TCHOUDJA Victorien | INS | Développement de l'archive |
Date de la production des métadonnées
2008-08-30Version du document DDI
Version 1.2 (Août 2008): Cette version a été finalisée à Kribi au cours d'un atelier de production des archives des enquêtes et recensements et constitue la dernière version à cette date.ID du document DDI
CMR-INS-ECAM2-2001-DDI